Nous ne sommes pas Charlie. Merci!

Nous ne sommes pas Charlie. Merci!

– traducerea Ioanei Mureșan, mulțumesc, a textului meu, în română aici

Les athéistes ont marqué une victoire ferme dans leur lutte contre les extrémistes religieux. Le score ? 13-0, et le match n’est pas fini.

Je suis un homme insupportable. Tout particulièrement, quand je le souhaite, je peux être l’homme le plus énervant de la planète. Je peux amener les gens que je trouve qu’ils le méritent bien, au point du paroxysme, le point de la chute complète, de la déshumanisation. Il m’est arrivé deux fois dans ma vie d’encaisser un coup de poing pour les lourdes ironies que j’ai proféré lors d’un dîner (et, pour ceux qui me connaissent, c’est une grande surprise que je m’en sois tiré qu’avec ces deux incidents). Je n’ai jamais riposté. Pourquoi je l’aurais fait ? Ma tirade de mots avait déjà été, à chaque fois, beaucoup plus nocive. Elle avait ouvert des plaies beaucoup plus profondes. Ces coups de poing anémiques, même pas en mesure de faire gonfler la joue, n’ont été que les gongs qui m’avaient attribué la victoire écrasante.

Mais c’étaient des petites victoires et des satisfactions terriblement éphémères.

On vit combien ? 10, 30, 80, peut-être 100 ans, au plus. Que tu meures en couches de bébé ou couches de vieillard – c’est pareil, à l’échelle de l’humanité. Ta mission est d’être une petite roue dans ta génération, une roue qui, très probablement, sera oubliée. C’est pour cela que, quand on a la chance de mourir d’une façon grandiose, tu ne dois pas la rater. Mourir, ça peut être indécent, grandiose ou, dans la plupart des cas, aucune des deux. Mais tuer n’est pas que dégradant et humiliant. Quand ces idiots d’islamistes ont tué pour la religion, ils n’ont pas perdu qu’une bataille à eux, mais une bataille de leur cause. Et quand les Français ont été abattus, ils ont gagné pas seulement pour leurs idées, mais pour eux-mêmes. Au moment où la balle destinée à chacun d’eux leur a traversé la tête en se figeant dans leurs cerveaux, cette personne est devenue, c’est vrai, un corps. Mais aucun d’entre eux n’a pas été qu’un humain qui mourait, mais également une victoire magnifique pour l’idée que les dessins et les mots peuvent faire mal et même tuer beaucoup plus facilement que les balles. Je crois qu’ils étaient effrayés en mourant, mais pas sans un frémissement de triomphe qui leur a traversé l’esprit. Ils sont morts pour la liberté. Pour la liberté de dire ce que tu veux, quitte qu’il s’agisse d’un trésor ou d’une bêtise. Je les envies sincèrement pour cela.

On a rarement la chance d’être des héros. Regardez-moi juste les images avec le Chinois qui s’est posé devant les tanks de Tiananmen, avec son sac de courses en main. Regardez-moi les hommes qui sont sortis dans la rue lors de la Révolution (roumaine, n.t.), qui ont dénudé leurs poitrines en hurlant : ‘Tire, mec, tire !’. Est-ce qu’ils ont eu peur ? Oui. Mais dans aucun cas la peur n’était pas leur sentiment dominant. Ils se sont tous senti des super-hommes, parce-que leur esprit a été élevé d’un sentiment glorieux et unique. Avoir la possibilité de vaincre en mourant est, à mes yeux, sans doute, le plus noble sentiment qu’on puisse avoir. Cela peut durer quelques secondes, avant que ton cœur cesse de battre, mais ce seront des secondes qui valent plus que millions d’autres vies insignifiantes.

Les Français qui sont morts se sont élevés au-delà de leur œuvre. Peu importe ce qu’ils ont écrit, ce qu’ils ont dessiné, à quel point ils étaient bons ou dans quelle mesure leur création aurait résisté s’ils étaient morts tranquillement, de vieillesse, dans leurs propres lits. Peu importe maintenant, car ils sont morts pour être immortels. Et l’immortalité t’est donnée par les valeurs pour lesquelles tu meurs, et pas par la façon dont tu vis et travailles pour. C’est vrai, les criminels sont devenus immortels également, dans une certaine mesure. Mais ce sont des immortalités diamétralement opposées. Dans 50 ou 100 ans, quand les gens vont se souvenir des héros de Charlie Hebdo, ils ne vont surement pas se souvenir des sous-humains qui les ont abattus. Mais ils vont se souvenir des premiers, le fait qu’ils ont vaincu, et des secondes – le fait qu’ils ont perdu d’une façon honteuse et de plus en plus définitif.

3 thoughts on “Nous ne sommes pas Charlie. Merci!

  1. Nu stiu citi pula mea din fanii tai au avut rabdarea sa citeasca asta, dar traducerea e impecabila, cu o singura exceptie (ca sa ne cacam pa noi): in loc de “coup de poing” mergea mai bine un “frappe” sau “une baffe”. Se vede ca fata e studioasa si nu umbla cu golanii prin circiumi d-aia traduce la modu’ elegant, daca ai pus mina pa e, ia-o la pula si dup-aia de nevasta chiar daca e sluta, Faci copii cu ea si mai imbunatatim dreacu’ rasa asta de romani idioti.

  2. Mai bine nu, kaka. Lasa fata sa se marite cu unul ca ea, care sa stie si romana si franceza. Daca’l ia pe asta, isi strica genele, se duce rasa pe gheata.

    Hai, noroc, bai epo. Sa ai un an bun, cu de toate, mai ales inspiratie.

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